Ultime match pour Camille Ayglon-Saurina

Après 17 années d'une carrière riche en succès et titres tant en club que sous le maillot tricolore, Camille Ayglon-Saurina jouera, ce dimanche, son dernier match en tant que handballeuse professionnelle.

Ça y est, ta décision d’arrêter ta carrière professionnelle est prise. Savais-tu déjà en début de saison que ça serait la dernière pour toi ?
« Oui, je savais que c’était la dernière. C’était important pour moi de murir la décision, d’en être bien sûre et aussi de vivre une saison en se disant que c’était la dernière sans pour autant l’avoir annoncé en me disant « on ne sait jamais, en voyant l’échéance arriver, peut-être que je vais me dire j’ai encore envie d’en faire une de plus. C’est ce qui me permet, aujourd’hui, d’être sereine à mille pour cent et sûre de ma décision que c’était bien la dernière ».

Tu n’as pas eu ce moment où tu te dis, allez, en fait, je repars pour une autre saison ?
« Non, et c’est un peu étrange de me dire qu’il ne reste plus qu’un match dans toute ma carrière. Je pensais que quand j’arriverais à cette échéance là, j’aurais quand même une sorte de petit pincement au cœur à me dire est ce que c’est vraiment ce que je veux. Mais là, j’y suis et je suis toujours aussi sereine et sûre de mon choix et très heureuse d’avoir pu profiter de cette saison. Je pense que j’étais sûre de moi donc je me suis juste régalée et j’ai profité de tous les moments. On a réussi à faire une saison exceptionnelle donc forcément ça m’aide à partir avec le « sentiment du devoir accompli ». La coupe d’Europe est là pour l’équipe l’année prochaine donc j’ai l’impression de quitter l’équipe alors qu’elle est dans une super dynamique et ça c’est top. Bon, ils ont annoncé plein de nouvelles choses sympas pour la saison prochaine, je me dis que ça aurait pu se passer un peu avant (rires) mais je suis super contente de m’arrêter et de ma dernière année ».

Quand tu regardes dans le rétroviseur, tu as quel regard sur tout ce que tu as accompli durant ta carrière ?
« Forcément, je n’aurais jamais pensé avoir la carrière que j’ai eue. Déjà au départ, je n’aurais jamais pensé faire une carrière de sportive de haut niveau. Je sais aussi tout le travail et les sacrifices que ça m’a demandé mais je réalise la chance que c’est de vivre une carrière comme ça. Je sais qu’il y a beaucoup de licenciées, de jeunes filles, qui ont envie, dès qu’elles commencent le hand, de pouvoir vivre une carrière professionnelle en club déjà et puis de porter le maillot de l’équipe de France. Et puis, encore mieux que tout ça, réussir à aller gagner des titres avec l’équipe dans laquelle on joue. Donc par rapport à ça je ne peux que m’estimer vraiment très très chanceuse de la carrière que j’ai eue et de tout ce que ça m’aura apporté sur et en dehors du terrain ».

Finir ta carrière à Nantes ça signifie quelque chose de particulier pour toi ?
« Oui bien sûr. Mon club de cœur ça a toujours été Nîmes. Je pensais finir ma carrière là-bas. Donc en 2016 quand le club du HBCN a coulé c’était très compliqué pour moi de me projeter dans un autre club français. Au moment vraiment où l’aventure s’est arrêtée, je ne me voyais porter aucun autre maillot que celui de Nîmes.

Donc ça a vraiment été une opportunité géniale de partir à Bucarest. Au-delà du niveau de jeu bien sûr et du fait de jouer la Champions League, c’était aussi génial car partir à l’étranger c’était également une manière de ne pas trahir le club. Même si le club n’était plus là, c’était vraiment bizarre comme sentiment. Ce n’était vraiment pas un moment évident.

Pendant mes années à Bucarest, j’avais déjà commencé à avoir au téléphone le président de Nantes. C’était un des rares clubs où j’imaginais pourquoi pas me projeter. Le fait que Blandine y soit arrivée, d’avoir pu discuter avec elle sur le club, qu’elle me dise que c’était sympa, qu’il y avait des filles cools, que le club avait un bon projet ça a dû faire son chemin dans ma tête. Et forcément, le fait que Guillaume vienne finir sa carrière au H, les six derniers mois où j’étais à Bucarest, ça a fini de sceller les choses. C’est un choix que je n’ai jamais regretté même si les premiers mois ici ont été assez compliqués. Avec l’arrivée d’Allan Heine, notamment, on est reparti sur un truc ultra positif où le but était de prendre du plaisir tous les jours en venant à l’entrainement et à chaque match. Il y a vraiment un état d’esprit qui s’est installé que Guillaume et le staff essayent de perpétuer.  C’est ce qui fait, je pense, qu’on a eu une année si exceptionnelle, parce que l’état d’esprit est top. C’est forcément épanouissant pour tout le monde. Et puis forcément, gagner ce dernier titre ici avec Guillaume est quelque chose de spécial ».

Maintenant, quelle va être la suite pour toi ?
 » la première chose c’est que vais profiter de Milo qui en avait marre d’avoir papa et maman en déplacement en même temps… Ensuite, je vais prendre un peu de temps pour me poser. Cette dernière année, en plus avec le Covid, a été très chargée en déplacements, émotionnellement et nerveusement aussi. Ce n’était pas évident de faire une saison où on était toujours un peu dans l’incertitude. Il fallait se projeter sans trop se projeter non plus. Ça nous aura pris énormément d’énergie comparé à des saisons « normales ». Et puis le fait qu’on ait eu un enchainement fou avec cette coupe d’Europe auquel on n’était pas forcément habituées sur ces deux dernières saisons. Heureusement qu’on était un groupe au top pour pouvoir surmonter tout ça.

Après tout ça je vais prendre des grAAAAAndes vacances (rires). Quand j’entends parler de la reprise du mois de juillet, je me dis « ah moi, je serai en train de siroter un petit cocktail autour d’une piscine ». J’ai déjà branché les filles en leur disant que je passerai les voir quand elles seraient sur la piste pour leur amener des petits remontants à l’entrainement. Je vais penser très fort à elles. Je pense que c’est vraiment le moment où je vais me dire que je suis vraiment sûre de mon choix pendant tout ce mois d’août 2021.

Et après, j’ai des projets notamment un qui j’espère va se concrétiser très rapidement, sur de l’accompagnement d’athlète. J’aimerais bien être la personne que j’aurais aimé rencontrer il y a une quinzaine d’année de ça. Pour essayer de les aider dans la gestion du patrimoine, de placement financier, d’investissement immobilier. J’ai pensé durant toute ma carrière au fait qu’il fallait essayer d’optimiser les revenus qu’on pouvait avoir en tant que sportif professionnel qui sont sûrement plus élevés que ce qu’on va avoir dans une deuxième vie professionnelle. J’ai vraiment envie de me lancer dans cette voie-là. J’ai la chance d’avoir rencontré une entreprise qui fait ça depuis pas mal d’années, Continental Finance, qui a envie de s’investir dans le handball aussi. C’est vraiment le projet que j’ai et à côté de ça j’avais développé depuis un petit moment un projet pour faire des interventions en entreprises pour partager mon expérience de 17 ans de carrière professionnelle et de ma carrière internationale qui a aussi été assez longue. Et si de temps en temps je pouvais, pourquoi pas, faire un petit tour du côté des médias ça m’intéresserait aussi beaucoup. J’ai toujours pris beaucoup de plaisir pendant ma carrière à chaque fois que j’ai pu aller sur un plateau télé ou à la radio, pour faire des commentaires et des petits debriefs. Ça me plairait bien aussi.

J’ai plein d’idées, plein de temps maintenant pour tout ça donc c’est très excitant d’arriver dans ce moment de ma carrière et de ma vie. »

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  • Yoann BETY dit :

    Très bel entretien. Merci Camille pour ces belles années que tu nous a fait vivre. Tu resteras une formidable ambassadrice du handball féminin. Bonne continuation !

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